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Quelle identité sociale dans une société sans plein emploi ?

Malgré les postures politiques qui imposent une différentiation factice, les programmes des candidats de droite, du centre et d’une partie de la gauche proposent pour l’emploi une variation de la même recette économique. Il s’agit pour l’essentiel de baisser le coût du travail et de réduire les freins qui entraveraient l’entrée et surtout la sortie du marché de l’emploi.

Quels que soient les effets réels sur l’économie de cette politique (déjà partiellement mise en œuvre depuis des décennies), il est essentiel de ne pas limiter son examen à la seule question de l’efficacité économique.

Le travail n’est en effet pas seulement un facteur de production. Il est le principal pilier intégrateur de notre société. Il a largement façonné les ordres imaginaires[1] occidentaux depuis la révolution industrielle. Il a également contribué au dépassement des Etats-nations par le développement d’une idéologie transnationale basée sur l’imaginaire d’une expérience commune (celle du prolétariat par exemple) ou d’un intérêt commun (celle du capital).

Il est enfin un des vecteurs de la justice sociale et de l’occupation territoriale de notre pays.


La majeure partie des politiques proposées part du même postulat : celui du plein emploi atteignable, une fois un effort de réforme accompli. La cible devient en elle-même plus importante que le contenu réel et l’intérêt (individuel et collectif) des emplois occupés.

Nul ne semble vouloir réellement penser un modèle alternatif si ce postulat s’avérait faux. Pourtant, de très nombreuses voix s’élèvent déjà pour s’inquiéter de la montée en puissance de l’économie numérique, de la rupture qu’elle engendre et qui va s’accroître avec celle que provoquera l’Intelligence Artificielle.

Nous allons ici parcourir les différentes dimensions qu’emporte le travail dans la société, analyser les conséquences des révolutions technologiques sur l’emploi avant d’esquisser quelques pistes de réflexions pour bâtir une société du futur qui ne soit pas seulement une somme de fractures et de désastres.

Travail, représentations collectives et identité sociale

Le travail conditionne le contenu des représentations collectives qui organisent la société. Non seulement du fait de la réglementation complexe qu’il emporte mais surtout des habitudes sociales qu’il entraîne. Le temps social journalier et annuel d’un individu est largement défini par l’alternance travail/repos. Les interactions entre individus sont également fortement conditionnées par l’activité.


Dans une société où la solidarité s’est lentement dissoute dans l’acide de la bureaucratie et de la crise, un individu durablement sans emploi fragilise fortement sa position sociale.


Il bascule dans le camp des assistés, dont les coûts sont scrutés et remis en cause en permanence. Des tensions et des polémiques s’expriment régulièrement autour des revenus de remplacement et la nécessité de contreparties. L’expérimentation conduite par le département du Haut Rhin en 2016, conditionnant l’obtention du RSA à la réalisation d’heures de « bénévolat », outre sa dimension illégale, illustre ce souhait très prégnant de conditionner le paiement du revenu de remplacement à la réalisation d’activités socialement encadrées[2].

Les attaques contre la condition d’assisté, attribuée aux bénéficiaires de la solidarité collective, montre en filigrane que pour certains un citoyen ne peut réellement prétendre à ce statut qu’à condition de participer pleinement à la fonction de production. C’est-à-dire à la seule création de valeurs socialement reconnues. Dans ces conditions, il est peu étonnant que les zones géographiques les plus touchées par le chômage[3], qui concentrent des populations d’origines étrangères, soient également celles où l’ordre imaginaire historique de la société française est le plus remis en cause. Elles ne bénéficient en effet que d’un écho de l’effet normalisateur du travail qui ne suffit plus pour contrebalancer d’autres influences de plus en plus prégnantes. Il n’est pas étonnant non plus que les grands rassemblements populaires que la France a connus depuis quelques années, quels que soient leur ressort (de la manif pour tous aux rassemblements contre le terrorisme ou la loi El Khomri), n’ont jamais réuni les populations les moins connectées à l’emploi.


Travail, création de valeurs et justice sociale

La question de la justice sociale est de plus en plus importante dans une société marquée par un accroissement des inégalités de revenu, du patrimoine et des dotations culturelles. La prégnance de la misère sociale a relancé le vieux débat sur le revenu de base. Sa principale caractéristique est de découpler l’obtention d’un revenu de la réalisation d’une activité rémunérée.

Certains hommes politiques, de droite comme de gauche, sont favorables à cette mesure, tout en défendant l’objectif du plein emploi. Il y a là une contradiction profonde, sauf à considérer comme le font certains libéraux que le plein emploi ne peut être atteint avec un revenu du travail systématiquement suffisant pour en vivre décemment. Dans cette optique, le revenu de base versé par l’Etat est là pour compenser les effets de la flexibilité totale du marché de l’emploi sur les revenus du travail. Il s’agit d’une vision très minimaliste de la justice sociale.

Pour ceux qui ne défendent pas ce point de vue, l’association d’une politique visant au plein emploi et au déploiement d’un revenu universel a peu de sens.

Dans un de ses articles, Thomas Piketty[4] souligne que la véritable ambition devrait être, en plus du plein emploi, la recherche de la juste rémunération du travail, qui nécessite non seulement d’assurer un niveau décent de salaire mais plus encore de repenser tout l’ensemble des institutions associées à la constitution des patrimoines symboliques (la culture et l’éducation notamment) et financiers et à la redistribution des revenus.

Nous voyons ici que deux visions contradictoires s’affrontent, partant du même postulat de la recherche du plein emploi.

Les sociaux-démocrates cherchent une rétribution considérée comme juste et une fluidification modérée des facteurs de production (travail et capital).

Les libéraux visent à flexibiliser au maximum le marché du travail, pour assurer la fluidité des entrées – sorties et acceptent l’idée d’un filet de sécurité le plus minimal possible pour ne pas

alourdir les charges pesant sur les entreprises. Il est à noter que la fluidité tant vantée pour le travail ne doit en aucun cas concerner le capital, dont l’accumulation est pour eux un facteur de croissance, même si elle ne concerne pour sa partie la plus conséquente, qu’une infime minorité de la population.

L’accroissement des inégalités n’est pas simplement un problème politique, c’est un facteur de dissolution sociale très grave dans une société déjà fragmentée. Il est d’ailleurs remarquable que les réformes du marché du travail soient généralement défendues au nom des outsiders, considérés comme les victimes impuissantes d’un système trop protecteur.

Travail et territoires

Cette concurrence supposée entre inclus et exclus masque une autre segmentation du marché de l’emploi, nettement plus fondamentale. Il s’agit de la différence de situation et de trajectoire entre les emplois dit abrités et exposés, selon la terminologie de Philippe Frocrain et Pierre-Noël Giraud[5]. Cette terminologie étant ambigüe, elle est ici remplacée par respectivement locaux et internationaux.

Les emplois internationaux concourent à la production de biens et services échangeables par-delà les frontières. Ils sont donc directement en concurrence avec des emplois situés à l’étranger.

Les emplois locaux adressent une production de biens et des services à des consommateurs de proximité. Ils sont donc en concurrence uniquement avec d’autres emplois du même type.


La dynamique d’évolution de ces deux types d’emplois nous éclaire particulièrement bien sur les enjeux et les impacts d’une politique d’emplois, quelle qu’elle soit.

  1. Dans une société ouverte au commerce international, les emplois internationaux le sont tant au niveau des rémunérations que des conditions d’exercice de l’activité. C’est dans ces emplois que la fluidité des entrées-sorties est la plus forte. C’est également au sein de ceux-ci que les inégalités salariales sont les plus importantes. La rémunération moyenne des plus qualifiés est également supérieure, à qualification égale.

  2. La localisation géographique des emplois internationaux est nettement plus concentrée que celle des emplois locaux. Les premiers sont regroupés autour des zones de productions spécifiques ou des grands centres urbains qui condensent les ressources et les moyens d’échanges les plus efficaces. La mobilité fonctionnelle et géographique des employés du secteur international est plus importante.

  3. La protection dont bénéficient les emplois locaux n’est que très relative (à l’exception des emplois publics). Ils sont d’abord largement dépendants des secteurs internationaux. Très peu mobiles, ils sont occupés par des personnes qui le sont également, du fait de la faiblesse relative des revenus et d’un niveau de qualification en moyenne inférieure. Ces emplois sont de plus très sensibles aux conséquences de la révolution numérique qui révolutionne le marché des services, qui en constitue le cœur.

  4. Dans tous les pays occidentaux, les emplois locaux progressent en volume au détriment des emplois internationaux. Cette évolution est pour partie due à la désindustrialisation des économies occidentales et à un accroissement supérieur de la productivité dans les emplois les plus soumis à la concurrence internationale.


On retrouve dans ces quatre premiers points, l’écho de l’analyse développée par Christophe Guilluy sur l’opposition entre la France métropolitaine et la France périphérique[6]. Il est également frappant de constater que les préconisations politiques qui sont faites depuis trente ans au nom de l’emploi, sont nettement plus proches des problématiques des emplois internationaux que de celles des locaux. Ceci sans doute, du fait de leur dernière caractéristique.

  1. La création d’emplois internationaux a un impact très important sur l’emploi total du fait de l’effet multiplicateur que cette création emporte sur l’emploi local. Cet effet, variable dans le temps et l’espace, est proche de 0.6 en France. Il est supérieur en Allemagne du fait notamment de l’organisation de l’industrie et de sa distribution géographique plus répartie. Cet effet multiplicateur existe également respectivement au sein des emplois internationaux et locaux (autour de 0.25) mais il est nul de l’emploi local vers l’emploi international.

Cette analyse nous permet de comprendre l’absolue nécessité de conserver et de développer un cœur industriel et des services compétitifs à l’international. Leur performance est d’abord celle de leur compétitivité hors coût qui dépend de bien d’autres paramètres que celui de l’allègement des charges et des réglementations. Il est urgent de renforcer la créativité dans l’enseignement supérieur, la capacité d’innovation de la recherche publique et privée, l’efficacité de valorisation de ses résultats. Le puzzle ainsi constitué est sans doute trop complexe pour être porté par un discours politique articulé mais il est pourtant essentiel.



L’analyse de l’ensemble des dimensions associées au travail illustre pourquoi il est si difficile de penser une politique dissociée d’un plein emploi accessible par le seul effort de la volonté de la réforme.


En effet, sans lui, il faut valoriser d’autres dimensions d’identités collectives, d’autres mécanismes pour assurer l’équité de traitement entre des citoyens dont le rôle dépasserait de beaucoup leur seule participation à la fonction de production. D’autres moyens enfin pour penser l’équilibre des territoires et leur dynamique dans le temps.

Force est de constater que quelle que soit l’intensité des recettes libérales appliquées, le taux d’emplois[7] des plus de 16 ans dans l’ensemble des pays occidentaux se situe autour des 60 à 70 % en comptant les emplois très précaires, eux-mêmes en forte hausse.




La révolution numérique et l’IA vont aggraver cet état de sous emplois massif. Pour le comprendre, nous allons étudier les effets de l’innovation sur l’économie, afin d’analyser en quoi la révolution numérique et l’IA diffèrent fondamentalement des précédentes.

L’innovation et la déflation

Toutes les révolutions technologiques ont un effet déflationniste sur l’économie. Elles génèrent une réduction importante du coût de production et donc des prix de vente.

Jusqu’ici, ces effets déflationnistes étaient fortement contrariés par deux effets contingents, générateurs d’inflation et de création d’activités : le temps et les investissements nécessaires à la diffusion de l’innovation.

Une innovation, aussi brillante soit-elle, doit disposer d’un terreau qui facilite sa propagation. Les révolutions de rupture précédentes ont nécessité des changements profonds d’infrastructures et un temps d’acceptation sociale des conséquences qu’elles emportaient. Le déploiement des chemins de fers, des conteneurs ou des systèmes informatiques ont entraîné de grandes adaptations techniques (par exemple création de nouveaux ports pour permettre l’accostage des supers containers) et une forte évolution culturelle des comportements.

Dès lors, l’effet positif de l’innovation peut s’exercer. Il se traduit par l’augmentation des capacités de production qui entraîne, pour les marchés non saturés, la croissance de l’emploi associé. L’innovation engendre également l’émergence de nouveaux marchés, notamment liés à l’infrastructure (le développement par exemple des métiers SI suite à la révolution informatique) ou la soutenabilité de nouveaux biens et services générés par l’innovation.

L’économie numérique et l’emploi

Le développement de l’économie collaborative et du e-commerce nécessite peu de nouvelles infrastructures. Il peut s’appuyer sur les investissements déjà engagés depuis 20 ans dans les TIC. La diffusion des smartphones et leurs innombrables services associés en est une bonne illustration. Elle s’appuie sur la combinaison des réseaux de téléphonie mobile et d’internet, tout en offrant une gamme de services qui dépassent largement le potentiel offert par les premiers mobiles ou sites WEB.

La révolution numérique n’est pas non plus une révolution culturelle qui demanderait un temps conséquent d’adaptation aux futurs consommateurs. Elle s’appuie et étends les valeurs déjà développées par les précédentes révolutions, notamment l’informatique et la téléphonie.


Ces deux éléments conduisent à une vitesse de déploiement de l’innovation très conséquente et donc à un effet déflationniste renforcé.

Presque tous les secteurs de services sont désormais concernés par cette révolution qu’ils soient hight tech[8] ou non (l’édition, la musique, les transports, l’hôtellerie, etc.). Le développement d’un service numérique s’effectue avec un coût initial faible qui peut devenir dans certains cas quasi nul. Le prix de vente de ces services est donc réduit, entraînant une forte création de valeur d’usage et la destruction des industries anciennes positionnées sur les marchés qui supportaient ces échanges. L’exemple de Wikipédia versus l’Encyclopédia Universalis ou le Quid illustre bien cette diffusion d’un service à valeur d’usage très important et à prix nul.

En conséquence, les effets positifs de l’innovation, qui demeurent, ne peuvent en aucun cas compenser la perte d’emploi générée.

L’intelligence artificielle et l’emploi

L’effet profondément déflationniste de l’économie numérique est renforcé dans le cas de l’IA. En effet, l’IA ajoute aux caractéristiques déflationnistes de la révolution numérique une dimension nouvelle, profondément révolutionnaire, qui touche la création de valeur. Jusqu’alors, celle-ci était un acte humain produit par l’intelligence et la force de travail. La robotisation n’a fait qu’accroître l’efficacité de cette création humaine, sans en changer le principe.

La rupture emportée par les générations émergentes des IA, qui n’en sont encore qu’à leur balbutiement, tient dans la possibilité de produire des résultats dont les principes ou les composantes ne proviennent pas d’une décision ou d’une action humaine. Le mécanisme de production de cette création peut même échapper à la compréhension humaine. La génération par des IA de Google d’un langage et d’une clé de chiffrage indéchiffrables pour un IA tierce et pour leurs concepteurs humains semble indiquer que cette rupture n’est potentiellement plus très lointaine.[9]


Dans ces conditions, la possibilité d’atteindre le plein emploi de manière durable est une illusion. En conséquence, il apparaît essentiel de concevoir des politiques qui non seulement ne nient pas cette réalité mais plus encore la pensent comme un élément de contexte prégnant.

Compte tenu des enjeux portés par le travail dans la société, cette refonte politique doit prendre en compte l’ensemble des dimensions concernées. Elle doit assurer un nouveau modèle de société, plus pérenne, moins soumis aux aléas de tout genre.

Seule une politique Antifragile, au sens défini par Nicholas Taleb[10], permettra de le faire. C’est en effet, le moyen le plus efficace d’assurer la pérennité d’une société.

Pour une société Antifragile

Une société Antifragile est une société qui non seulement ne craint pas l’aléa mais se renforce et se bonifie à son contact. Pour cela, elle doit respecter certaines conditions :


Une société cohésive. La cohésion est une condition essentielle pour assurer l’intégrité et la capacité d’évolution d’une société. Cette cohésion passe d’abord par l’acceptation de l’existence des représentations collectives qui fondent la cohérence de la communauté. L’idéologie du « citoyen du monde » ou d’une société patchwork de cultures propagée par certains est un non-sens. De la même façon, l’idéologie néo libérale, avec son égoïsme et sa compétition de tous contre chacun, fragilise profondément la société. La société Antifragile du futur sera fondée sur un nouveau contrat social qui s’appuiera sur un ordre imaginaire commun et sur des objectifs collectivement partagés.


Une société diversifiée. La cohésion d’une société n’est pas l’homogénéité. La diversité sociale et culturelle est une condition sine qua non pour développer la capacité de résistance aux aléas et l’innovation. Cette diversité ne doit toutefois pas être confondue avec le particularisme qui est un danger mortel, car il rompt la capacité d’échanges entre individus ou groupes sociaux. Cette différence entre particularisme et diversité est fondamentale. Les débats sur l’identité qui traversent la société depuis des années montre à quel point cette confusion est prégnante.

La cohésion n’est pas non plus synonyme d’uniformité des conditions. Au contraire, le principe de diversité implique que la situation des uns et des autres ne soit pas la même. C’est également un principe de réalité. Il n’y a pas de raisons que les conditions d’exercice d’activités très différentes, soient identiques. Par contre, cette diversité doit s’inscrire dans une vision commune de la société et avec une justice sociale qui assure à chacun la capacité de réaliser son potentiel de création.


Une société innovante. La société doit être capable d’évoluer, d’intégrer de nouveaux facteurs, de nouvelles tendances. C’est le principe de la pérennité évolutive. Pour cela, il est bien évidemment essentiel de favoriser la recherche, l’innovation et le transfert des résultats vers la société et les entreprises. Mais les innovations ne doivent pas être que technologiques. Elles doivent également être sociales. La création de la Sécurité Sociale, il y a soixante-dix ans, est un brillant exemple d’innovation qui a conduit à des résultats remarquables pour chaque citoyen. Les ZAD qui aujourd’hui sont des sujets de tensions et de crises, pourraient être demain des lieux d’expérimentations sociales profondément Antifragiles dans leur essence. Peu importe que la majorité d’entre-elles n’aboutissent pas à des résultats concrets. Il suffit d’une seule réussite pour permettre des évolutions positives ou développer des possibilités qui pourraient s’avérer fort utiles dans le futur. Une société Antifragile doit favoriser toutes les innovations, quelles que soient leurs natures, à condition qu’elles respectent les représentations collectives qui fondent la société. Pour cela, l’éducation et la culture doivent être renforcées. Chaque citoyen doit bénéficier de dotations culturelles solides permettant non seulement de partager les représentations collectives qui fondent la société mais également de développer l’imagination qui est la source de l’innovation. Il faudrait également renforcer l’utilisation du tirage au sort pour associer plus étroitement les citoyens à l’exercice de responsabilités collectives.


Une société fluide. Le plein emploi n’existant plus, chacun pourra connaître des périodes d’emplois salariés alternant avec d’autres activités au statut différent. L’entrée et la sortie doivent être facilitées et combinées à une garantie sociale permettant de maintenir intacte la capacité de création de valeur. Le financement de la solidarité ne peut plus être principalement fondé sur la taxation du travail. Il doit l’être sur l’ensemble de la valeur créée, avec une redistribution à chaque citoyen. Des transferts sociaux simplifiés, organisés autour de la création de valeur seraient un atout essentiel. C’est dans ce cadre-là, que le revenu citoyen de base a du sens. Il permettrait d’alléger considérablement l’infrastructure de contrôle à priori, hypertrophiée aujourd’hui, en la remplaçant par un contrôle a posteriori du respect des devoirs attachés à l’obtention des droits.


Une société prudente. Il s’agit ici notamment d’éviter toute pratique ou politique conduisant à un accroissement des tensions ou engendrant une valeur négative pour des ensembles essentiels à la société. Cette prudence ne doit toutefois pas être confondue avec l’immobilisme. La créativité nécessite de prendre des risques. Par contre, une fois que les effets néfastes d’une pratique ou d’une innovation sont avérés, elle doit être éliminée. C’est pour ce principe notamment que les pratiques les plus socialement nuisibles du libéralisme doivent être arrêtées. Notamment la liberté totale de circulation des capitaux et les instruments financiers les plus toxiques qui favorisent notamment la spéculation contre, souvent, l’intérêt général.




La France a besoin d’un nouveau contrat social qui définit les droits et les devoirs de chaque citoyen. Les droits accordés ne peuvent être ni universels ni automatiques, ils doivent être conditionnés au respect des principes et des devoirs qui régissent la vie commune. Ce contrat social doit contenir également les conditions de sa pérennité évolutive qui définiront ses objectifs de moyen et de long terme pour lesquels toute la créativité de la société devra être mobilisée.

La création de valeurs positives pour la société est un devoir pour chacun. Elle doit donc être facilitée au maximum, en allégeant les contraintes administratives. Les fruits de cette création doivent être mieux répartis collectivement.


C’est une politique nettement plus ambitieuse qui doit être pensée, articulée désormais pour éviter que la fin du mythe du plein emploi ne défasse la société.

L’émergence de cette politique pourrait refaire de la France, un pays de référence internationale.

Références

[1] Pour une définition de l’ordre imaginaire et son évolution dans le temps, cf. mon article Le conflit des ordres imaginaires publié sur mon site.

[2] http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/haut-rhin/benevolat-contre-rsa-l-etat-conteste-en-justice-l-xperimentation-decidee-dans-le-haut-rhin-970529.html

[3] Le chômage dans les zones urbaines sensibles, Observatoire des inégalités, 11 mars 2014

[4] Revenu de base ou salaire juste? Le blog de Thomas Piketty

[5] Dynamique des emplois exposés et abrités en France, Philippe Frocrain et Pierre-Noël Giraud, La fabrique de l’Industrie

[6] La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires, Christophe Guilluy, Flammarion, 2014

[7] http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2015/05/20/un-taux-de-chomage-plus-eleve-aux-etats-unis-qu%E2%80%99en-France/

[8] http://www.oezratty.net/wordpress/2016/la-renaissance-des-startups-scientifiques-2/

[9] http://www.journaldugeek.com/2016/11/07/ia-google-langage-chiffre/

[10] Antifragile, Nicholas Taleb, les belles lettres, 2014


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